Accueil > Publications > La Maison Sublime, l’École rabbinique & le Royaume Juif de Rouen > Les tossafistes de Rouen
Dans les académies juives étaient essentiellement étudiées la Loi, codifiée dans les deux Talmuds de Babylonie et de Palestine, et les Écritures bibliques. Les gloses (tossafoth) sur le Talmud de Babylonie (source principale des usages et rituels juifs) et sur la Bible fleurirent surtout entre 1150 et 1270, produits par plusieurs centaines de maîtres du nord de la France, d’Angleterre et d’Allemagne occidentale. Les opinions variées et souvent contradictoires des tossafistes étaient rassemblées sous forme plus concise de compendia, sur lesquels travaillaient les étudiants des académies.
Le plus important des tossafistes normands au début du XIIIe siècle fut Menahem Vardimas. Formé par son père, Péreç ben Menahem, il devint la principale autorité talmudique de Normandie, de la fin du règne des Plantagenêt jusqu’à sa mort en 1224 (la même année que Judah Sire Léon qui officiait à Paris). Ses décisions faisaient autorité dans l’interprétation aussi bien théorique que pratique de la Loi, et les références à ses opinions abondent dans les tossafoth des volumes imprimés du Talmud de Babylonie. Dans l’élégie écrite à sa mort par un de ses élèves, il est même qualifié de sceptre de Judah, allusion à son autorité, et de saint de Jacob.
Autour de Menahem Vardimas gravitaient d’éminents talmudistes comme Isaac de Pont-Audemer, Aaron b. Isaac, Jacob de Provins, Abraham b. Samuel, Cresbia, Samuel Sire Morel de Falaise, Salomon b. Judah (surnommé selon les cas le Saint de Troyes ou le Saint de Rouen) ou encore le Grand Kohen. Certains d’entre eux s’étaient réfugiés à Rouen après l’expulsion des juifs d’Île-de-France décidée en 1182. Nombreux furent d’ailleurs les juifs parisiens qui se réfugièrent à Rouen, jusqu’à ce que le roi de France les rappela en 1198.