Accueil > La communauté juive > Une communauté ressurgie de l’oubli
En 1967, Norman Golb, professeur à l’Université de Chicago et mondialement connu pour ses travaux sur les Manuscrits de la Mer Morte, découvre le mot RDWM (Rodom) dans un manuscrit hébreu de la guenizah du Caire. La première pierre de quarante années de recherches.
Exposées dans trois livres (Histoire et culture des juifs de Rouen au Moyen-Âge, 1976, en hébreu ; Les juifs de Rouen au Moyen-Âge, 1985 ; The Jews in Medieval Normandy, 1998), ses recherches l’amènent à des découvertes qui révolutionnent l’histoire u judaïsme français et à dévoiler le rôle fondamental que les juifs de Rouen ont joué en Occident au Moyen-Âge.
L’historien a ainsi pu expliquer la complète occultation dont la communauté rouennaise a été victime jusqu’à ce qu’il la ressuscite, d’abord dans un ouvrage en hébreu paru en avril 1976 (quatre mois avant la découverte du monument), puis dans Les Juifs de Rouen au Moyen-Âge, portrait d’une culture oubliée paru en 1985. Travaillant à partir de nombreux manuscrits jusque-là inexploités, qui lui ont permis d’identifier comme une école des hautes études rabbiniques le monument découvert sous la cour du palais de justice, il a ainsi fait resurgir de l’oubli l’histoire de la communauté juive rouennaise.
L’installation des juifs à Rouen remonte en effet à la colonisation romaine, aux tous premiers siècles de notre ère. Cette installation était encouragée par le pouvoir romain qui voulait conforter la conquête militaire de la Gaule par une implantation démographique. La présence à Rouen de cette communitas judaeorum s’est maintenue de manière continue pendant un millénaire, jusqu’à l’expulsion des juifs de France ordonnée par Philippe le Bel en 1306.