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Autres vestiges

La cave située à l’ouest de la cour d’honneur du Palais de justice

La cave découverte le 11 août 1976 est construite sur un axe nord-sud. C’est un édifice long de 8,43 m, large de 5,02 m et haut de 4,50 m. Les murs épais de 1,25 à 1,07 m supportent une voûte en plein cintre constituée de moellons de pierre calcaire. Le niveau du sol est le même que celui du sous-sol de l’autre bâtiment. Cette cave était faiblement éclairée par deux petites fenêtres rectangulaires percées dans le mur nord. On accédait à ce sous-sol, au sud, par une porte en plein cintre donnant sur un escalier intérieur adossé au mur oriental.

Bernard Blumenkranz et Norman Golb pensaient que c’était un bain rituel, un mikvé. Mais cette hypothèse n’est pas confirmée par un texte et il n’y a pas d’eau. Un puits profond de trois mètres a été trouvé dans l’angle nord-est de la cave, mais les archéologues ont mis au jour des éléments qui ont permis de dire qu’il était antérieur au bâtiment et qu’il avait été comblé lors de sa construction. Ce dernier a cependant bien appartenu à la communauté juive car on a trouvé sur ses murs quelques graffiti hébraïques.

L’hôtel dit de Bonnevie

Des vestiges d’un autre bâtiment en pierre ont été trouvés en mai 1982 dans l’annexe du Palais de Justice située au sud de la rue aux Juifs, en face de l’aile orientale du Palais. Ce bâtiment de 17,5 m sur 10 m, élevé sur un axe nord-sud, avait des murs épais de 2,50 à 1,70 m. C’était assurément une maison d’habitation avec un puits circulaire dans l’épaisseur du mur oriental, le seul qui ait été conservé, et des latrines.

Selon Norman Golb, cette grande maison aurait appartenu à la famille Bonnevie, la plus puissante de la communauté juive au début du XIIIe siècle. L’historien rouennais Philippe Cailleux en doute ; selon lui, cet immeuble n’appartenait pas aux juifs lors de leur expulsion en 1306 car il ne faisait pas partie des biens confisqués.

Le bâtiment de la rue Saint-Lô

Citons pour mémoire les vestiges d’un autre bâtiment en pierre qui n’a guère été étudié. Ce bâtiment découvert en 1990 par l’archéologue Dominique Pitte dans les sous-sols de la Cour d’appel a été édifié sur un axe nord-sud ; son mur-pignon nord donnait sur la rue Saint-Lô. De plan trapézoïdal, il mesure 12,50 m dans la plus grande longueur, 5,70 m de large et 4 m sous voûtes.

La synagogue de la rue Massacre

Un bâtiment situé en retrait des maisons édifiées à l’angle de la rue Massacre et de la rue aux Juifs est qualifié de synagogue sur un plan de l’hôtel de ville dessiné en 1738 par un menuisier nommé Vernisse. Le premier niveau de ce bâtiment était enfoncé de 3,25 m dans le sol ; il mesurait 8 m de longueur et 5,30 m de largeur. Il était couvert d’une voûte de pierre en berceau plein cintre qui s’élevait à 6 m de hauteur. Il recevait un peu de lumière des deux petites fenêtres rectangulaires percées dans son mur sud. L’accès aux deux niveaux supérieurs s’effectuait par un escalier extérieur aménagé du côté ouest de l’immeuble.
Ce bâtiment a été détruit en 1886. Nous ne le connaissons que par un dessin réalisé pendant la démolition par Gaston Barbier de la Serre, membre de la Commission des antiquités de la Seine-Inférieure.
L’historien Eustache de La Quérière, qui a décrit cet immeuble en 1821 dans son livre sur les maisons de Rouen, doutait qu’il ait été une synagogue ; pour lui, cette identification reposait sur « une tradition, probablement fausse ». De fait ce bâtiment n’était pas orienté mais édifié sur un axe nord sud. Et le petit renflement que l’on pouvait observer dans le mur oriental n’était pas une absidiole dans laquelle on aurait pu ranger les rouleaux de la Torah ; c’était en réalité un puits aménagé dans l’épaisseur du mur.


Les bâtiments qui ont été mis au jour en 1976 dans la cour du Palais de justice sont finalement les seuls que l’on puisse aujourd’hui attribuer avec certitude à la communauté juive médiévale. On n’a guère de certitudes sur leur affectation, mais on peut affirmer que ce sont les plus anciens bâtiments ayant appartenu à des juifs qui soient conservés en France. Souhaitons que d’autres découvertes puissent nous permettre de mieux connaître cette communauté qui a joué un rôle très important à Rouen du XIe au début du XIVe siècle.